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Nicolas Paquin

La douleur


douleur

Une grande part de mon travail est orientée vers le traitement de la douleur. Chroniques ou aiguës la douleur habite nos vies au quotidien. La massothérapie a de tous temps soigné les douleurs. Nous frottons spontanément le genou contusionné d’un enfant qui vient de faire une chute.

D’autre part l’acupuncture aussi agit très efficacement sur la douleur. Tous les jours dans mon bureau je reçois des gens en souffrance. Parfois « miracle » la douleur du genou qui affligeait un client depuis des semaines disparait comme par enchantement en une seule rencontre! Parfois c’est le chemin de croix, le client trainant sa douleur d’un traitement à l’autre, d’un thérapeute à l’autre sans parvenir à en alléger sa souffrance.

Qu’est-ce que la douleur?

Mais justement, qu’est-ce que la douleur? Au premier niveau c’est un signe du corps, un signal envoyé par les nerfs périphériques au cerveau dans le but de préserver l’intégrité physique du corps. Mais si ce n’était que cela tout serait simple! J’ai mal à une épaule parce que j’ai fait une chute, on frotte, on masse, on met quelques aiguilles d’acupuncture, puis le tour est joué.

L’humain n’est pas qu’une mécanique organique, pas plus que son esprit n’est binaire! La douleur prend racine dans l’expérience toute entière d’une personne! Depuis le fœtus, en passant par la naissance, puis durant l’enfance nous faisons l’expérience de la douleur et nous lui donnons ses racines. L’éducation lui donne une forme. Ainsi les garçons et les filles n’auront pas le même rapport à la douleur. Si être malade ou avoir mal est la seule façon d’obtenir de l’attention pour un enfant, les « dividendes » ainsi obtenus marqueront pour toute sa vie son rapport à la douleur.

Même culturellement nous formons notre rapport à la douleur. L’ancien testament parle de la douleur avec une telle richesse de nuances que les traducteurs de la bible du 2e siècle avant J .C. se virent obligés de rendre treize mots hébreux différents par le seul mot grec signifiant la douleur (Kittel G.) . Pour les Grecs anciens la douleur était l’ombre de plaisir, du bonheur. Pour les chrétiens elle est sa rédemption. Plus récemment l’ère industrielle a forgée notre compréhension de la douleur. La vision mécaniste de la pensée scientifique tend à exclure les aspects affectifs de la douleur. Aussi détaillée soit elle aucune planche anatomique ne parvient à expliquer la persistance ou l’intensité de certaines souffrances physiques.

Pas qu’une mécanique!

C’est que la douleur n’est pas qu’une mécanique. Elle est la somme de ce que nous somme culturellement et personnellement! Et ce n’est pas toujours simple! À blessure égale le hockeyeur professionnel endurera probablement beaucoup mieux ses douleurs un soir de finale de la coupe, que le père de famille, seul soutien financier, qui se déchire bêtement une cheville en courant après l’autobus. C’est un exemple simple qui se démultiplie en milliers de façons dans l’expérience de chacun. La douleur est donc aussi une forme de communication, cachant souvent une demande d’aide, d’amour, de plaisir.

Une personne souffrante me présente généralement bien plus que sa douleur physique. Elle me parle de sa souffrance morale. Le massage et les approches corporelles me permettent de soigner le corps, l’acupuncture traite les aspects énergétiques, électriques du corps. Mais l’écoute, le dialogue permettent de décoder le conflit sous-jacent, de parfois trouver un sens, d’amener un espoir de secours, dès lors la douleur s’estompe, le soulagement devient possible.

RÉFÉRENCES: 1- La douleur. Un cri du corps et de l’âme. Nage Humbert, Éditions Victor Attinger

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